"La lecture est une amitié" - Marcel Proust

Samedi 30 juin 2012 [20:29]

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TitreTu seras notre enfant
Auteure: Charity Norman
Genre: Contemporain

Résumé: Grace vient de naître, de père inconnu et d'une mère de seize ans, qui la confie à l'adoption avant de disparaître. La petite fille vient tout juste de voir le jour, et elle est déjà orpheline.
Un couple en mal d'enfant est sur le point d'adopter Grace quand son père biologique se manifeste: il n'a que dix sept ans, mais il est décidé à se battre pour récupérer sa fille.
Qui aura la garde de Grace ? Son père, si jeune mais débordant d'amour ? Ou ce couple pour qui cette enfant est déjà tout ? Quel sera l'avenir de Grace ?

Le livre: C'est l'histoire de deux familles, qui comme toutes les autres ont leur histoire. Très vite, on sait que quoi qu'il arrive, l'une des deux sera déchirée à tout jamais.
C'est l'acharnement de deux familles. Une qui veut sortir des fécondations in vitro, du désespoir, de l'attente, des démarches pour l'adoption et du combat qu'elle mène déjà depuis des années pour avoir cet enfant tant attendu. Et d'une autre, qui tente désespérément de montrer que même si on est un jeune homme de dix sept ans, on est capable de ne pas tomber dans le chaos, d'assumer son enfant et on a autant d'amour à donner qu'à quarante.
C'est le combat entre les liens du sang et les liens du coeur.

Mon avis: J'ai a-do-ré ! Voilà. C'est clair que ça sera pas LE chef d'oeuvre du XXIème siècle mais j'ai passé un agréable moment tout le long de la lecture et c'est bien ça qui compte ! 
Sur les cent premières pages, l'identité des personnages se dessinent petit à petit et on commence à savoir qui est qui et qui fera quoi et là, c'est parti mon kiki. On est plongé dans une aventure qui va nous emporter jusqu'à la fin. J'peux vous dire que si j'avais pas eu un homme qui m'attendait dans mon lit, j'aurais fait de sacrées nuits blanches. 
Le livre prend un tournant inattendu, ce n'est pas du tout à ça que je m'attendais et j'ai été agréablement surprise. Loin de l'ennuyeux combat entre les deux familles, il y a tout un contexte et une action derrière et vraiment, on se laisse emporter dans le tourbillon. De plus, le livre est construit avec une telle dynamique qu'il est impossible de s'ennuyer.
On s'attache très vite aux personnages qui ont leur caractère et qui cachent bien des choses derrière leurs apparences. Jamais je n'ai prit partie pour les uns ou pour les autres. Parce que ç'aurait été trop difficile. Alors je me suis laissée aller jusqu'au dénouement. Celui qui m'a laissée perplexe. Peut être parce que j'aurais pas voulu que les choses se passent tout à fait comme ça.. 
479 pages de bonheur. Un très beau livre qui relance le débat sur l'adoption.

Prochaine lectureDe coeur inconnu, Charlotte Valandrey

Dimanche 24 juin 2012 [12:39]

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(Je ne l'ai pas dans cette édition là.)


TitreMimi Guillam; Cahier de vie d'une institutrice
Auteure: Catherine Ecole-Boivin
Genre: Biographie

Résumé: Mimi Guillam est née en 1916, à Dives-sur-Mer. Sa mère, robuste et généreuse infirmière d'origine bretonne, a décidé que sa fille serait institutrice. Elle choisira pour son premier poste, d'inaugurer une "classe maternelle Freinet", une pédagogie moderne, prônant le "dessin libre", les activités manuelles, le sport, le travail en petits groupes où le rythme de chacun est respecté.
Mimi nous raconte sa vie, ses souvenirs, pleins des sourires des écoliers qu'elle a chéris et guidés durant des décennies. Elle qui a toujours considéré l'enfant comme le premier des pédagogues nous parle aussi de sa famille, de ses activités en faveur de l'éducation populaire de son mari Robert Denis, des premières auberges de jeunesse, de la guerre contre les nazis durant laquelle, avec d'autres femmes, elle a gardé et protégé trente-quatre petits élèves..

Le livre: Mimi nous raconte tout. Son père aimant, sa mère devenue infirmière, son entrée à l'EN, l'obtention de son diplôme, sa première classe, la guerre, la rencontre avec son futur mari, sa vie, sa retraite..
Mimi prônait l'enseignement à la méthode Freinet, autrement dit, l'apprentissage libre, que ce soit par les textes ou les créations. Par ses propres expériences, le partage pour apprendre par soi même et pas recopier le modèle que voulait bien donner l'institutrice. Etre acteur de son apprentissage. Freinet est omniprésent tout le long du texte. (Elle aura même l'occasion de le rencontrer.)
Nous avons droit aussi en temps réel à tout ce qui se passait pendant la guerre et comment elle et ses trente-quatre élèves ont fuit les combats. Le retour à la vie "normale", son mariage, ses enfants, Mimi nous dit tout.

Mon avis: Je suis restée sur ma faim. Trois cent dix pages de survol, des chapitres de deux pages, presque bâclé. C'est dommage parce qu'il y avait sûrement tant à raconter, à approfondir. Ca manque d'émotions, d'humanité parfois. Alors que je pensais au contraire qu'elle serait en osmose avec le besoin de protection, le combat d'une vie, j'ai été quelque peu déçue. J'aurais voulu rentrer dans le récit, le vivre. Etre transportée, vibrer, pleurer, rire, frissonner. Mais je n'ai rien ressenti de tout ça.. C'est tellement superficiel. On ressent tout de même ce qu'elle a pu éprouver à chaque instant mais ça reste à approfondir.
Alors peut être est-ce dû au fait que le texte est écrit à la première personne donc on a l'impression que c'est elle qui raconte mais en fait, ce livre a été écrit par une autre personne, Catherine Ecole-Boivin. A qui elle a sûrement dû raconter sa vie et elle même en a fait une chronique. Ca manque alors cruellement de personnalité et de sentiments. D'une autobiographie, on passe à une biographie. Et c'est vrai que j'ai pas l'habitude lire des bio mais plus des autobio qui sont forcément plus poignante.
Enfin, dans la version des "beaux livres" nous avons droit au milieu à un album photos où l'on voit Mimi évoluer avec sa famille, ses élèves puis son mari et ses enfants.
Ca reste tout de même un beau livre à lire mais j'aurais voulu plus de profondeur.

Prochaine lectureTu seras notre enfant, Charity Norman

Mercredi 20 juin 2012 [17:31]

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Titre
La fiancée de Bombay.
Auteure: Julia Gregson
Genre: Contemporain

Résumé: Automne 1928. Trois jeunes anglaises embarquent sur un bateau à destination de l'Inde. Pour Viva, ce voyage est avant tout le moyen de revenir sur les traces de ses parents morts à Bombay alors qu'elle était enfant. Rose, ravissante jeune fille d'une dangereuse candeur, est sur le point d'être mariée à un officier de cavalerie colonial qu'elle connaît à peine. Victoria, sa demoiselle d'honneur, pleine d'imagination, se montre déterminée à perdre sa virginité au cours du voyage, avant de se trouver un époux aux Indes. Toutes les trois ont des raisons différentes de quitter l'Angleterre, mais les bagages d'espoirs et de secrets qu'elles emportent ne les ont pas préparées à ce qui les attend..
 
Le livre: Cinquante huit chapitres qui nous baladent entre les trois femmes. Qui nous baladent de la haute société aux bidonvilles de Bombay. Trois femmes, trois histoires, trois destins. D'abord liées lors de leur voyage vers Bombay, elles se séparent progressivement pour vivre chacune de leur côté. Cependant jamais très loin les unes des autres, elles vont se soutenir chacune leur tour dans les épreuves qui les attendent sur leur chemin.
Le livre est construit d'une manière où l'on s'ennuie jamais. On découvre au fur et à mesure les caractères des jeunes femmes et leur monde totalement décalé. Elles grandissent et évoluent au fil du livre. On vit avec elle, on pleure avec elle, on souffre avec elle. Derrière ce monde de la haute société qui paraît si simple se cache en fait, une redoutable tristesse. On est entraîné et on découvre les dessous des mariages arrangés. Viva reste en retrait un bon bout de temps mais son destin à elle va très vite nous transporter aussi.

Mon avis: 697 pages. C'est pas si long. On est toujours actif puisqu'on suit trois personnages. Il n'y a pas de creux, jamais. Il y a toujours de l'action et des actions utiles. Pas des trucs superficiels dont on se fout royalement et qu'on aura oublié dix pages plus loin. Tout est important parce que tout s'enchaîne. C'est dans la continuité.
Je pensais au début que j'allais avoir du mal avec ce balotage mais en fait, pas du tout. C'est ce qui permet au contraire de ne pas s'ennuyer. On apprend à connaître ces trois jeunes femmes et elle nous transporte chacune dans leur monde et leur travers.
On découvre alors les années 30, les mariages arrangés, la pauvreté des bidonvilles, la souffrances des enfants abandonnés et les personnages évoluent avec l'histoire du pays. La guerre, Gandhi..
Finalement, grâce à elles, on apprend ce qu'était la vie à cette époque.
C'est un livre que j'ai beaucoup aimé malgré le nombre de pages. J'ai dû faire des pauses quand même parce que je ne lis qu'un seule livre à la fois mais jamais très longtemps puisque je réitère, on n'a pas de quoi s'ennuyer.
La fin est magnifique, bien que pleine de souffrance, on part avec de la douceur. Mais finalement, qui est la fiancée de Bombay .. ?

Prochaine lectureMimi Guillam; Cahier de vie d'une institutrice, Catherine Ecole-Boivin

Samedi 2 juin 2012 [13:19]

Qui n'a jamais entendu parler de Natascha Kampush ? Cette jeune Autrichienne retenue plus de huit ans en captivité par son ravisseur. Quelques années après son enlèvement et sa liberté qu'elle a retrouvé seule, elle nous plonge dans son enfer.

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Titre3096 jours
Auteure: Natascha Kampush
Genre: Autobiographie

Résumé: Natascha Kampusch a vécu le pire: le 2 mars 1998, à l'âge de dix ans, elle est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant 3096 jours, huit ans et demi, son bourreau, Wolfgang Priklopil, la garde prisonnière dans une cave d'environ cinq mètres carrés, près de Vienne.
En août 2006, elle parvient à s'enfuir par ses propres moyens. Priklopil se suicide le jour même.

Extrait"Au bout de quelques mois dans mon cachot, je lui demandai pour la première fois de me prendre dans ses bras. J'avais besoin d'un contact pour me consoler, de la sensation de la chaleur humaine. Ce fut difficile. Il avait de gros problèmes avec la proximité. Moi-même, je sombrais immédiatement dans une panique mêlée de claustrophobie lorsqu'il me tenait trop fermement. Mais après quelques tentatives, nous parvînmes à trouver un modus vivendi: nous nous tenions ni près, ni trop étroitement, ce qui me permettait de supporter l'enlacement, mais tout de même suffisamment proche pour que je puisse m'imaginer que cette relation était faite d'amour et d'attention. Ce fut le premier contact physique que j'eus avec un être humain depuis de nombreux mois. Une éternité pour une enfant de dix ans."

Le livre: Le livre est composé de quatre parties. Sur les cinquante premières pages, Natascha nous fait partager sa vie d'avant son enlèvement. On fait la connaissance d'une petite fille boulotte, qui est trimbalée bien malgré elle entre sa mère et son père. Puis le jour de son enlèvement où elle part sur une dispute avec sa mère sans lui dire au revoir, ce qui va la faire culpabiliser d'autant plus et sa captivité. Le jour où elle s'est enfuie et l'épilogue.
Durant tout le livre, on assiste à un calme absolu de la part de Natascha. A aucun moment, on ressent la peur ou l'angoisse qu'elle a pu ressentir. Bien sûr, elle le dit mais dans le fond, tout a l'air si naturel.
On apprend aussi comment elle a fait pour s'en sortir. Elle n'avait d'autres solutions que de se ranger près de lui et d'accepter ce qui lui arrivait. La solitude qu'elle oubliait pendant les moments partagés avec lui, les dîners, les sorties dans le jardin ou dans la piscine qu'il lui accordait de temps à autre mais toujours sous haute surveillance, les nuits communes, leur virée au ski. Tous les troubles et les carences que ce trou noir de 5m² lui a provoqué. La manipulation qu'entretenait son ravisseur et elle l'un envers l'autre. Les privations, les coups, les humiliations, le vol de son identité. La place de protecteur qu'il a essayé de prendre et toutes les horreurs qu'il pouvait lui dire sur ses parents. Leur relation très troublante. Mais jamais elle n'a oublié qui elle était. Et jamais elle n'a perdu de vue la promesse qu'elle s'était faite: La vie. Le contrôle absolu qu'il avait sur ses faits et gestes, sa vie. Il contrôlait tout. Elle était sa chose. On découvre un homme très instable psychologiquement. Un malade mental. Un vrai. Qui oscille entre le manque d'amour et le besoin de possession, l'envie de normalité qu'il voulait tirer de cette relation.
Elle ne lui a jamais pardonné. Même si au fond, elle sait que ça aurait pu être pire et que finalement, il était le seul contact humain qu'elle a eu pendant toutes ces années. Je crois que ce qui l'a détruite c'est ce manque de repères et de stimulus sensoriels. Pas ou peu de lumière naturelle, pas ou peu de notion du temps. Juste ce petit réveil qu'il lui avait apporté et cet éphéméride.
Vu qu'après s'être enfuie, elle a su tout ce qui se passait pendant ce temps là, elle nous le raconte en parallèle. Le jour où des policiers sont venus chez son ravisseur sans fouiller la maison. Les appels à témoins qui n'ont pas été exploités comme il aurait fallu.
Et tout le reste que je veux pas spoiler.

Mon avis: Je pensais que ce livre allait être "violent". Comme toutes les autobiographies que je lis mais j'ai connu pire. Ce livre n'est pas violent, il est poignant, fort et intense. Je l'ai lu en deux jours. Il est très complexe et parfois on se demande si c'était sincère ou juste par instinct de survie. La relation qu'ils entretiennent est très ambiguë. Personne ne peut juger ça tant qu'on l'a pas vécu. C'est tellement psychologiquement et rationnellement compliqué qu'on ne fait que lire sans jamais juger. Mais c'est un livre que j'ai aimé, qui m'a touchée et que je relirai sûrement.

Prochaine lectureLa fiancée de Bombay, Julia Gregson
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