Titre: Au pays des kangourous
Auteur: Gilles Paris
Genre: Contemporain
Quatrième de couverture: Simon, neuf ans, vit avec son père Paul, écrivain, et sa mère Carole, une femme d'affaires qui passe sa vie en Australie. Le jour où Paul est hospitalisé pour dépression, Simon voit son quotidien bouleversé.
Recueilli par Lola, sa grand-mère fantasque, il rencontre aussi l'évanescente Lily, enfant autiste aux yeux violets. A travers les songes qu'il s'invente, Simon va tâcher de mettre des mots sur la maladie de son père et de trouver des repères dans cet univers dont le sens lui résiste.
Mon avis: Je viens de terminer ce livre et j'en ressors toute chamboulée. Sûrement parce que peut être que sans une charmante dame, je serai passée à côté de ce bijou. Mais aussi pour la qualité de ce livre, tout simplement.
C'est Simon, du haut de ses neuf ans qui nous raconte l'histoire, son histoire. Avec un "humour" déconcertant pour un sujet aussi grave. Humour est entre parenthèse parce que pour nous, les adultes, c'est le mot approprié. Pour Simon, c'est sa vision des choses, avec toute sa naïveté et sa sensibilité d'enfant, perdu au milieu de ce monde impitoyable. Dans cette tranche de vie, il essaye de comprendre la maladie de son papa que les grands appellent dépression. L'absence d'une mère. Et Lily. Et à travers ses mots, on découvre un petit garçon meurtri mais plein de bon sens et qui, grandit, au fil du récit.
Simon nous raconte parfois ses rêves, qui traduisent son inconscient et le laissent s'exprimer d'une autre façon. C'est à travers eux qu'on sent l'évolution des choses et surtout la maturité du gamin. Parce qu'il essaie de s'en sortir, de protéger son père et sa grand-mère.
Jusqu'à arriver à la fin de l'histoire, je ne comprenais pas le titre. Plutôt quel rapport. Mais c'est à la toute fin qu'il prend tout son sens.
Tous les sujets graves sont traités avec délicatesse, tendresse et sensibilité. Le choix du narrateur par l'auteur a été plus que crucial et il a fait de son livre une douceur infinie.
Les choses se font simplement, c'est la vie, le court des choses. On tâtonne, on essaie de comprendre avec Simon le pourquoi du comment, on s'invente des protections, comme lui jusqu'à ce que les choses se finissent bien.
"Parce que si tout va mal, c'est que ça n'est pas encore la fin de l'histoire" ...
Et je ne pouvais pas terminer cette critique sans vous offrir des passages bien choisis du livre qui restera sur ce ton jusqu'à la toute fin.
Extraits:
Première page: "Ce matin, j'ai trouvé papa dans le lave-vaisselle. En entrant dans la cuisine, j'ai vu le panier en plastique sur le sol, avec le reste de la vaisselle d'hier soir.
J'ai ouvert le lave-vaisselle, papa était dedans. Il m'a regardé comme le chien de la voisine du dessous quand il fait pipi dans les escaliers. Il était tout coincé de partout. Et je ne sais pas comment il a pu rentrer dedans: il est grand, mon papa.
J'en ai oublié mon petit déjeuner. Je ne savais pas quoi faire. Maman était repartie au pays des kangourous et, à chaque fois qu'elle voyage, elle nous demande de pas la déranger à cause du décalage horaire. Quand elle est dans le salon, avenue Paul-Doumer, elle ne veut pas qu'on la dérange non plus à cause du livre qu'elle lit, même si ce n'est pas un livre que papa a écrit. Ou alors elle parle à une copine sur son portable et elle fait un geste de la main comme si elle chassait une mouche ou un moustique, sauf que la mouche ou le moustique, c'est moi ou papa. On tourne autour, mais on ne sait pas trop comment l'approcher. Et puis des fois qu'il viendrait l'idée à maman l'idée de nous écraser entre ses mains... Elle n'embrasse ni papa ni moi. Elle nous éloigne avec ses gestes et le pays des kangourous."
"Papa relève la tête, sa cache la figure avec ses mains et pleure à grand bruit sans s'arrêter. J'ai peur. Même dans les films catastrophes que j'adore, quand le héros perd la femme qu'il aime et tous ses copains, jamais il ne pleure autant. J'espère que ce n'est pas à cause de moi. J'ai bien rangé ma chambre, mon bulletin n'est pas trop mauvais, je ne fais plus pipi au lit et je n'ai pas non plus fumé la cigarette que me tendait Jérémy, hilare. Ca ne sentait pas bon et je n'en ai pas parlé à papa. Peut être l'a-t-il appris..."
Merci mille fois à Fanny et aux éditions J'ai lu de m'avoir fait découvrir cette merveille..
Prochaine lecture: Je reviendrai avec la pluie, Takuji Ichikawa