"La lecture est une amitié" - Marcel Proust

Samedi 2 juin 2012 [13:19]

Qui n'a jamais entendu parler de Natascha Kampush ? Cette jeune Autrichienne retenue plus de huit ans en captivité par son ravisseur. Quelques années après son enlèvement et sa liberté qu'elle a retrouvé seule, elle nous plonge dans son enfer.

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Titre3096 jours
Auteure: Natascha Kampush
Genre: Autobiographie

Résumé: Natascha Kampusch a vécu le pire: le 2 mars 1998, à l'âge de dix ans, elle est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant 3096 jours, huit ans et demi, son bourreau, Wolfgang Priklopil, la garde prisonnière dans une cave d'environ cinq mètres carrés, près de Vienne.
En août 2006, elle parvient à s'enfuir par ses propres moyens. Priklopil se suicide le jour même.

Extrait"Au bout de quelques mois dans mon cachot, je lui demandai pour la première fois de me prendre dans ses bras. J'avais besoin d'un contact pour me consoler, de la sensation de la chaleur humaine. Ce fut difficile. Il avait de gros problèmes avec la proximité. Moi-même, je sombrais immédiatement dans une panique mêlée de claustrophobie lorsqu'il me tenait trop fermement. Mais après quelques tentatives, nous parvînmes à trouver un modus vivendi: nous nous tenions ni près, ni trop étroitement, ce qui me permettait de supporter l'enlacement, mais tout de même suffisamment proche pour que je puisse m'imaginer que cette relation était faite d'amour et d'attention. Ce fut le premier contact physique que j'eus avec un être humain depuis de nombreux mois. Une éternité pour une enfant de dix ans."

Le livre: Le livre est composé de quatre parties. Sur les cinquante premières pages, Natascha nous fait partager sa vie d'avant son enlèvement. On fait la connaissance d'une petite fille boulotte, qui est trimbalée bien malgré elle entre sa mère et son père. Puis le jour de son enlèvement où elle part sur une dispute avec sa mère sans lui dire au revoir, ce qui va la faire culpabiliser d'autant plus et sa captivité. Le jour où elle s'est enfuie et l'épilogue.
Durant tout le livre, on assiste à un calme absolu de la part de Natascha. A aucun moment, on ressent la peur ou l'angoisse qu'elle a pu ressentir. Bien sûr, elle le dit mais dans le fond, tout a l'air si naturel.
On apprend aussi comment elle a fait pour s'en sortir. Elle n'avait d'autres solutions que de se ranger près de lui et d'accepter ce qui lui arrivait. La solitude qu'elle oubliait pendant les moments partagés avec lui, les dîners, les sorties dans le jardin ou dans la piscine qu'il lui accordait de temps à autre mais toujours sous haute surveillance, les nuits communes, leur virée au ski. Tous les troubles et les carences que ce trou noir de 5m² lui a provoqué. La manipulation qu'entretenait son ravisseur et elle l'un envers l'autre. Les privations, les coups, les humiliations, le vol de son identité. La place de protecteur qu'il a essayé de prendre et toutes les horreurs qu'il pouvait lui dire sur ses parents. Leur relation très troublante. Mais jamais elle n'a oublié qui elle était. Et jamais elle n'a perdu de vue la promesse qu'elle s'était faite: La vie. Le contrôle absolu qu'il avait sur ses faits et gestes, sa vie. Il contrôlait tout. Elle était sa chose. On découvre un homme très instable psychologiquement. Un malade mental. Un vrai. Qui oscille entre le manque d'amour et le besoin de possession, l'envie de normalité qu'il voulait tirer de cette relation.
Elle ne lui a jamais pardonné. Même si au fond, elle sait que ça aurait pu être pire et que finalement, il était le seul contact humain qu'elle a eu pendant toutes ces années. Je crois que ce qui l'a détruite c'est ce manque de repères et de stimulus sensoriels. Pas ou peu de lumière naturelle, pas ou peu de notion du temps. Juste ce petit réveil qu'il lui avait apporté et cet éphéméride.
Vu qu'après s'être enfuie, elle a su tout ce qui se passait pendant ce temps là, elle nous le raconte en parallèle. Le jour où des policiers sont venus chez son ravisseur sans fouiller la maison. Les appels à témoins qui n'ont pas été exploités comme il aurait fallu.
Et tout le reste que je veux pas spoiler.

Mon avis: Je pensais que ce livre allait être "violent". Comme toutes les autobiographies que je lis mais j'ai connu pire. Ce livre n'est pas violent, il est poignant, fort et intense. Je l'ai lu en deux jours. Il est très complexe et parfois on se demande si c'était sincère ou juste par instinct de survie. La relation qu'ils entretiennent est très ambiguë. Personne ne peut juger ça tant qu'on l'a pas vécu. C'est tellement psychologiquement et rationnellement compliqué qu'on ne fait que lire sans jamais juger. Mais c'est un livre que j'ai aimé, qui m'a touchée et que je relirai sûrement.

Prochaine lectureLa fiancée de Bombay, Julia Gregson
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