"La lecture est une amitié" - Marcel Proust

Lundi 28 septembre 2015 [20:47]

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Titre
: Tigre, tigre !
Auteur: Margaux Fragoso
Genre: Autobiographie








Quatrième de couverture: Par une belle journée d'été, Margaux Fragoso rencontre Peter Curran à la piscine de son quartier, et ils commencent à jouer. Elle a sept ans; il en a cinquante et un. Quand Peter l'invite chez lui avec sa mère, la petite fille découvre un paradis pour enfant composé d'animaux exotiques et de jeux. Peter endosse alors progressivement, insidieusement, le rôle d'ami, puis de père, et d'amant. Charmeur et manipulateur, Peter s'insinue dans tous les aspects de la vie de Margaux, et transforme l'enfant affectueuse et vive en une adolescente torturée.
 
Mon avis: Ce livre est une autobiographie. Je ne sais pas s'il est possible de dire d'une lecture pareille qu'on l'a aimée mais c'est mon cas.

Margaux a sept ans lorsqu'elle croise sur sa route Peter Curran, de 44 ans son aîné. Tout d'abord il va combler ce manque paternel dû à une carence familiale avérée entre une mère schizophrène et un père alcoolique. Puis, petit à petit, leur relation se transforme, sur un versant amoureux. Margaux, naïve, tourmentée et en mal d'amour se laisse aimer. 
Ses sentiments ont été sincères. Je ne sais pas exactement à quel moment elle s'est aperçue que tout ça n'était pas légal mais toujours est-il qu'elle ne s'en cache pas. Elle aimait lui faire plaisir. Elle aimait ce qu'il faisait d'elle, une petite fille existante.

Ensemble ils ont partagé de bons moments, même si rien de tout ça n'était sain. Mais Margaux était dans sa bulle. Elle voulait se marier avec lui et lui faire des enfants.
Il a réussi à la persuader que rien de tout ça n'était mal. Que deux personnes ont le droit de s'aimer, malgré leurs âges. C'était leur secret.
Le vrai père de Margaux, manquant à tous ses devoirs de père, a été le seul à se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Toutes les personnes qui gravitaient autour d'eux et qui auraient pu la sortir de là ne l'ont pas fait. Mais de toute façon, elle même ne voulait pas.

La relation entre eux deux est mêlée tantôt de haine et tantôt d'amour. Il a réussi à la manipuler pour être certain qu'elle ne l'abandonnerait jamais. Il l'a détruit petit à petit. Enfant docile, enfant tigre, Margaux oscille entre les deux afin de trouver sa place et faire entendre sa voix pour exister parmi les siens.

Margaux nous raconte avec sincérité, intimité et beaucoup de courage son histoire avec cet homme qui aura duré quinze ans avant qu'il ne mette fin à ses jours.
Une autobiographie dure mais surtout dérangeante. C'est bien le premier mot qui me vient à l'esprit. Parce que Margaux ne se positionne pas en tant que victime. 
Et aussi parce qu'on arrive, malgré tout, à essayer de comprendre cet homme qui voulait s'en sortir.

Une lecture dont on sort différent.
 
Prochaine lectureLes enfants de l'eau noire, Joe R. Lansdale

Vendredi 28 août 2015 [18:03]

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Titre
: Lettres d'amour en héritage
Auteur: Lydia Flem
Genre: Autobiographie








Quatrième de couverture: Dans trois boîtes au grenier se trouve leur correspondance amoureuse. Oserons-nous la lire maintenant qu'ils sont disparus ? Entrer dans la chambre des parents, c'est chercher à comprendre ce qui s'est passé avant notre naissance. Roman des origines que chacune et chacun rêve de découvrir. Au fil de leurs lettres s'écrit aussi notre histoire : sommes-nous nés de l'amour ?
 
Mon avis: Ce livre est autobiographique. Il est associé à un autre livre, Comment j'ai vidé la maison de mes parents.
Dans celui-ci, Lydia Flem nous raconte, par bribes, la correspondance amoureuse de ses parents. De leurs rencontres jusqu'à leur vie commune.

Au début timide et incertaine du droit qu'elle a de prendre connaissance de cette intimité avec ses parents, elle y trouve un moyen de faire son deuil, de rester près d'eux. Pendant deux années durant, elle va lire leurs courriers et les retranscrire consciencieusement sur son ordinateur. 
Au fil des pages, elle nous confie le bien ou le mal que cela lui procure de découvrir tout ça.

C'est touchant de se rendre compte à quel point chaque histoire d'amour est unique, passionnel, à la fois tendre et destructrice.
Lydia Flem nous livre avec pudeur sa genèse, son "avant elle". En tant qu'adulte elle peut prendre du recul et appréhender avec beaucoup d'humilité cet amour naissant sous nos yeux. Parce que comme elle, on apprend d'où elle vient, de quel amour elle est née.

Un très beau roman, très touchant et qu'on aimerait bien tous pouvoir écrire, à l'image de notre histoire...
 
Prochaine lectureBons baisers de la montagne, Noémie de Lapparent

Samedi 8 août 2015 [19:38]

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Titre
: Mange, prie, aime
Auteur: Elizabeth Gilbert
Genre: Essai/Autobiographie








Quatrième de couverture: A trente et un ans, Elizabeth possède tout ce qu’une femme peut souhaiter : un mari dévoué, une belle maison, une carrière prometteuse. Pourtant, elle est rongée par l’angoisse et le doute.
Un divorce, une dépression et une liaison désastreuse la laissent encore plus désemparée. Elle décide alors de tout plaquer pour partir seule à travers le monde !
En Italie, elle goûte aux délices de la dolce vita et prend les « douze kilos les plus heureux de sa vie » ; en Inde, ashram et rigueur ascétique l’aident à discipliner son esprit et, en Indonésie, elle cherche à réconcilier son corps et son âme pour trouver cet équilibre qu’on appelle le bonheur…
Et qui n’a jamais rêvé de changer de vie ?
 
Mon avis: Ce livre m'a été prêté par une collègue de travail. J'avoue qu'il me faisait un peu peur, je sais pas pourquoi, mais je ne regrette pas de l'avoir lu. Je l'ai pris avec moi à Londres et ça s'y prêtait très bien... !

Il est en fait l'autobiographie de l'auteure. En effet, cette dernière a réellement tout quitté et pris une année sabbatique, le temps de se retrouver et prendre soin d'elle... Et en lisant, tu te dis que ce qu'elle a vécu est vraiment fabuleux... Elle a rencontré des gens merveilleux, elle a fait des choses merveilleuses et elle a surtout guéri: Elle est devenue heureuse... Tout le monde devrait vivre ça au moins une fois dans sa vie.

Le roman est divisé en trois parties. La première qui correspond à "Mange" est le voyage en Italie où Elizabeth découvre les petits plaisirs du ventre.
La deuxième, "Prie", est la partie où elle part en Inde dans un ashram pour retrouver l'équilibre de son esprit.
Et enfin, la dernière, "Aime" correspond à son voyage en Indonésie où elle se réconcilie avec elle même...

Le roman est assez dense, il est vrai. Je suis bien contente de l'avoir lu par bouchées. Cela permet d'apprécier d'autant plus la lecture, je pense. Mais c'est un livre fantastique ! 
D'abord, lorsqu'on se rend compte qu'elle a réellement vécu tout ça on se dit: "Waow ! Moi aussi je veux faire ça !" Elle a vécu une année ... hors du temps et c'est ce qu'elle nous fait vivre aussi le temps de la lecture.
Elle nous invente au voyage et au dépaysement. On apprend un tas de choses sur la culture, le mode de vie et l'histoire de ces trois pays. Et c'est très intéressant. Mais au delà de ça, je pense qu'elle veut aussi nous dire que tout le monde est capable de ça, de vivre ça, dans un sens.

Mange, prie, aime est un très beau livre sur la quête de soi, l'équilibre, la re-concentration sur sa propre petite personne et surtout le bonheur... On est baigné dedans et on se laisse entraîner à la rêverie, oubliant le tracas quotidien le temps de la lecture.
C'est un livre qui fait rêver, voyager.. mais aussi beaucoup réfléchir sur soi même... 

Il a été adapté en film où Julia Roberts est l'actrice principale. Il me tarde de le voir !
 
Prochaine lectureL'enfant du Titanic, Leah Fleming

Samedi 7 juillet 2012 [12:31]

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TitreDe coeur inconnu
Auteure: Charlotte Valandrey
Genre: Autobiographie

Résumé: En 2005, Charlotte Valandrey révèle dans L'Amour dans le sang sa séropositivité depuis l'âge de de 17 ans et sa greffe cardiaque récente, le remplacement de son coeur passionné, éreinté: "C'est l'histoire d'une femme qui aima tellement qu'elle eut besoin d'un autre coeur.."
Un mois après la parution de ce livre, Charlotte reçoit une lettre anonyme: "Je connais le coeur qui bat en vous, je l'aimais.." Ces mots, qui pourraient sembler fous, la bouleversent alors qu'elle est en proie à des cauchemars récurrents, des sensations impérieuses de déjà-vu et des changements intérieurs surprenants. C'est le début d'un étrange parcours pour Charlotte qui veut comprendre pour se libérer d'une présence qu'elle ressent intimement. Y a-t-il vraiment une autre vie en elle ? Un voyant troublant, un cardiologue amant, une psychanalyste rationnelle et un professeur figé dans le secret médical vont tenter de lui répondre. En quête de vérité, Charlotte, mère battante, femme joyeuse qui connaît le prix de la vie, nous entraîne avec elle dans un voyage initiatique captivant qui, des mystères de la mémoire cellulaire aux errances du coeur, la mènera peut être vers ce port lumineux, but ultime de sa vie, l'amour rêvé, l'amour immense.

Le livre: C'est l'histoire d'une femme séropositive et greffée cardiaque qui fera tout pour comprendre ses cauchemars troublants et récurrents. Qui va tout faire pour trouver le nom de sa donneuse et ainsi pouvoir mettre fin à toutes ses questions qui paralysent sa vie entière. Qui va démontrer que la mémoire cellulaire n'est peut être pas une légende. Qui va trouver l'amour de sa vie là où elle l'attendait le moins. 

Mon avis: Je crois que je n'ai jamais lu une autobiographie aussi forte et intense. On dirait un polar digne des grands cinémas hollywoodiens. Je n'en dirai pas plus mais il faut absolument lire ce livre qui se lit d'un trait. Et c'est juste bouleversant. Tout prend des dimensions tellement énormes qu'on croirait jamais qu'il s'agit en fait d'une autobiographie. C'est fou. C'est hallucinant.
On découvre une femme battante, étonnante, touchante et attachante. Une femme qui a besoin de réponses pour pouvoir avancer.
Ce livre m'a bouleversé alors vraiment, lisez le à tout prix.

Prochaine lectureL'élégance du hérisson, Muriel Barbery !

Samedi 2 juin 2012 [13:19]

Qui n'a jamais entendu parler de Natascha Kampush ? Cette jeune Autrichienne retenue plus de huit ans en captivité par son ravisseur. Quelques années après son enlèvement et sa liberté qu'elle a retrouvé seule, elle nous plonge dans son enfer.

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Titre3096 jours
Auteure: Natascha Kampush
Genre: Autobiographie

Résumé: Natascha Kampusch a vécu le pire: le 2 mars 1998, à l'âge de dix ans, elle est enlevée sur le chemin de l'école. Pendant 3096 jours, huit ans et demi, son bourreau, Wolfgang Priklopil, la garde prisonnière dans une cave d'environ cinq mètres carrés, près de Vienne.
En août 2006, elle parvient à s'enfuir par ses propres moyens. Priklopil se suicide le jour même.

Extrait"Au bout de quelques mois dans mon cachot, je lui demandai pour la première fois de me prendre dans ses bras. J'avais besoin d'un contact pour me consoler, de la sensation de la chaleur humaine. Ce fut difficile. Il avait de gros problèmes avec la proximité. Moi-même, je sombrais immédiatement dans une panique mêlée de claustrophobie lorsqu'il me tenait trop fermement. Mais après quelques tentatives, nous parvînmes à trouver un modus vivendi: nous nous tenions ni près, ni trop étroitement, ce qui me permettait de supporter l'enlacement, mais tout de même suffisamment proche pour que je puisse m'imaginer que cette relation était faite d'amour et d'attention. Ce fut le premier contact physique que j'eus avec un être humain depuis de nombreux mois. Une éternité pour une enfant de dix ans."

Le livre: Le livre est composé de quatre parties. Sur les cinquante premières pages, Natascha nous fait partager sa vie d'avant son enlèvement. On fait la connaissance d'une petite fille boulotte, qui est trimbalée bien malgré elle entre sa mère et son père. Puis le jour de son enlèvement où elle part sur une dispute avec sa mère sans lui dire au revoir, ce qui va la faire culpabiliser d'autant plus et sa captivité. Le jour où elle s'est enfuie et l'épilogue.
Durant tout le livre, on assiste à un calme absolu de la part de Natascha. A aucun moment, on ressent la peur ou l'angoisse qu'elle a pu ressentir. Bien sûr, elle le dit mais dans le fond, tout a l'air si naturel.
On apprend aussi comment elle a fait pour s'en sortir. Elle n'avait d'autres solutions que de se ranger près de lui et d'accepter ce qui lui arrivait. La solitude qu'elle oubliait pendant les moments partagés avec lui, les dîners, les sorties dans le jardin ou dans la piscine qu'il lui accordait de temps à autre mais toujours sous haute surveillance, les nuits communes, leur virée au ski. Tous les troubles et les carences que ce trou noir de 5m² lui a provoqué. La manipulation qu'entretenait son ravisseur et elle l'un envers l'autre. Les privations, les coups, les humiliations, le vol de son identité. La place de protecteur qu'il a essayé de prendre et toutes les horreurs qu'il pouvait lui dire sur ses parents. Leur relation très troublante. Mais jamais elle n'a oublié qui elle était. Et jamais elle n'a perdu de vue la promesse qu'elle s'était faite: La vie. Le contrôle absolu qu'il avait sur ses faits et gestes, sa vie. Il contrôlait tout. Elle était sa chose. On découvre un homme très instable psychologiquement. Un malade mental. Un vrai. Qui oscille entre le manque d'amour et le besoin de possession, l'envie de normalité qu'il voulait tirer de cette relation.
Elle ne lui a jamais pardonné. Même si au fond, elle sait que ça aurait pu être pire et que finalement, il était le seul contact humain qu'elle a eu pendant toutes ces années. Je crois que ce qui l'a détruite c'est ce manque de repères et de stimulus sensoriels. Pas ou peu de lumière naturelle, pas ou peu de notion du temps. Juste ce petit réveil qu'il lui avait apporté et cet éphéméride.
Vu qu'après s'être enfuie, elle a su tout ce qui se passait pendant ce temps là, elle nous le raconte en parallèle. Le jour où des policiers sont venus chez son ravisseur sans fouiller la maison. Les appels à témoins qui n'ont pas été exploités comme il aurait fallu.
Et tout le reste que je veux pas spoiler.

Mon avis: Je pensais que ce livre allait être "violent". Comme toutes les autobiographies que je lis mais j'ai connu pire. Ce livre n'est pas violent, il est poignant, fort et intense. Je l'ai lu en deux jours. Il est très complexe et parfois on se demande si c'était sincère ou juste par instinct de survie. La relation qu'ils entretiennent est très ambiguë. Personne ne peut juger ça tant qu'on l'a pas vécu. C'est tellement psychologiquement et rationnellement compliqué qu'on ne fait que lire sans jamais juger. Mais c'est un livre que j'ai aimé, qui m'a touchée et que je relirai sûrement.

Prochaine lectureLa fiancée de Bombay, Julia Gregson
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