Titre: Je l'aimais
Auteure: Anna Gavalda
Genre: Contemporain
Quatrième de couverture: On biaise, on s'arrange, on a notre petite lâcheté dans les pattes comme un animal familier. On la caresse, on la dresse, on s'y attache. C'est la vie. Il y a les courageux et puis ceux qui s'accommodent. C'est tellement moins fatigant de s'accommoder... "A-t-on le droit de tout quitter, femme et enfants, simplement parce que l'on se rend compte - un peu tard - que l'on s'est peut être trompé ? Adrien est parti. Chloé et leurs deux sont sous le choc. Le père d'Adrien apporte à la jeune femme son réconfort. A sa manière: plutôt que d'accabler son fils, il semble lui porter une certaine admiration. Son geste est égoïste, certes, mais courageux. Lui n'en a pas été capable. Tout au long d'une émouvante confidence, il raconte à sa belle-fille comment, jadis, en voulant lâchement préserver sa vie, il a tout gâché.
Extrait: "- [...] Car vois-tu Chloé, ma vie, toute ma vie est comme ce poing serré. Je suis là, devant toi, dans cette cuisine. J'ai soixante-cinq ans. Je ne ressemble à rien. Je suis ce vieux con que tu secouais tout à l'heure. Je n'ai rien compris, je ne suis jamais monté au sixième étage. J'ai eu peur de mon ombre et me voilà maintenant, me voilà devant l'idée de ma mort et... Non, je t'en prie, ne m'interromps pas... Pas maintenant. Laisse moi ouvrir ce poing. Un tout petit peu."
Mon avis: Alors que Chloé vient de perdre son mari, c'est la fin du monde. Pierre, son beau père décide alors de l'emmener, elle et ses deux filles quelques jours à la campagne histoire d'oublier. C'est lors d'une froide nuit qu'il va lui confier ce qu'a été sa vie.
C'est un roman qui se lit très vite, en quelques heures à peine. Il est très touchant. On a l'impression d'être là, au coin du feu et d'assister à la confidence du beau père.
J'ai d'abord beaucoup apprécié l'exploitation de cette relation justement, belle fille/beau père parce qu'on ne le croise pas souvent, parce qu'on n'en parle jamais, surtout après une séparation. Alors qu'on pourrait croire que la relation va s'éteindre, au contraire, Pierre veut qu'elle continue parce qu'il a beaucoup d'estime pour sa belle-fille.
Mais ce n'est pas pour autant qu'il va prendre parti pour elle, au contraire, il reste très admiratif vis à vis de son fils et c'est en écoutant ce qu'il a à nous raconter que nous allons comprendre. Ce fils qui va devenir son modèle. Celui qui a eu le courage que lui n'a pas eu. Mais c'est tout de même dérangeant dans le sens où on a envie de donner raison à Chloé parce que finalement, c'est elle qui s'est faites larguer.
Ce livre amène à beaucoup de questionnements sur l'amour, son sens, la vraie valeur du verbe "aimer", la raison. Est-il plus raisonnable de se persuader et de souffrir ? Ou oser s'avouer la vérité ainsi qu'à l'autre, faire souffrir l'autre beaucoup mais de façon limitée pour trouver son propre bonheur ? Parce que c'est là toute la question qui se pose. Qui a raison, qui a tort ? Où sont les limites.. ? Et du coup, on changerait presque notre façon de voir les choses. Presque, parce que je reste quand même sur mon opinion que celui qui part n'est pas celui qui est le plus à plaindre.
Un très beau livre, touchant et plein de sens qui amène vraiment à réfléchir sur la valeur de l'amour.
Prochaine lecture: Avant d'aller dormir, S.J. Watson
Bisous