Titre: Se retenir aux brindilles
Auteur: Sébastien Fritsch
Genre: Contemporain

Quatrième de couverture: Inséparables, Ariane, Tristan et Matthias ont passé leur enfance à jouer avec leurs peurs. Au milieu des étangs de la Dombes ou dans les pièces vide d'un château oublié, ils cherchaient l'émotion, l'interdit, le danger.
Trente ans plus tard, les frayeurs d'Ariane n'ont plus cette saveur plaisante de l'imaginaire: c'est un homme bien réel - un homme qu'elle a aimé - qu'elle fuit maintenant.
Car si les enfants font de leur un jeu, les adultes, eux, savent en faire une arme.

Mon avis: J'ai terminé ce roman hier soir mais je vous en fais la chronique uniquement maintenant parce qu'il m'a fallu du temps pour faire décanter le tout. Ce livre, c'est l'histoire d'une femme tourmentée, violentée par la peur qui régit sa vie depuis sa plus tendre enfance jusqu'à aujourd'hui. Elle n'a même pas quarante ans qu'on sent déjà le poids des années trop longues qui pèsent sur ses épaules. Elle est mariée et a deux enfants dont un en bas âge. Nous la retrouvons en fuite, sur sa terre natale. Nous apprendrons plus tard le motif de ce départ précipité mais plus que justifié et les motivations qui l'ont poussée à revenir sur les lieux de ses quatre cents coups.
Nous alternons entre ses pensées enfantines où elle se revoit avec ses deux acolytes et son présent tourmenté toujours en proie à cette peur qui a changé depuis toutes ces années mais qui reste tout de même omniprésente dans sa vie. Les passages successifs entre passé et présent se font sans dérangement, ils s'insèrent dans l'histoire de manière tout à fait logique et naturelle. D'ailleurs l'auteur manie très bien cette notion. Elle est là, elle rôde, on voit très bien cette évolution qui est passée de l'amusement, le goût du risque et de l'aventure de trois gamins d'une dizaine d'années à la peur que peut ressentir un adulte qui devient angoissante parce que non maîtrisée et encore moins voulue. A cela, il faut rajouter le fait qu'en plus d'être devenue une femme, elle est devenue mère et coûte que coûte, elle protégera ses enfants.
J'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, fluide, drôle, avec un humour que j'aime beaucoup. Sans compter le fait que ça ne va jamais dans le sens que l'on croit, il y a toujours des revirements de situations. Alors j'ai eu peur comme elle si ce n'est plus. J'ai eu peur des lendemains, j'ai eu peur de ses actes, j'ai eu peur de ses choix, j'ai eu peur pour elle et il m'a fallu attendre les dernières pages pour comprendre que tout ce qu'elle faisait, elle le faisait en fait pour se sauver. Pour se libérer de cette peur qui l'a trop longtemps emprisonnée.
Une dernière chose, j'ai été particulièrement touchée par Marthe Aride, une vieille dame au grand coeur que la maladie ronge chaque jour un peu plus. Son côté protecteur, sa maladie qui la rend innocente et naïve mais tellement attendrissante. J'aurais voulu qu'elles se quittent autrement. J'ai été presque frustrée par cet abandon.
En résumé, un livre très touchant, plein d'émotions de toute nature qui nous plonge dans le road movie d'une femme qui cherche sa liberté..

Je remercie infiniment Sébastien Fritsch, les éditions Fin mars début avril et Livraddict de m'avoir permis de découvrir ce merveilleux roman..

Prochaine lecture: Le jeu des ombres, Louise Erdrich